Joëlle

Joëlle descend pieds nus du van. Elle m’apparaît comme une image dégelée au micro ondes, destinée à faire vendre des produits pop-rock.

C’est ça.

L’avant garde c’est quoi ? quand trop bien c’est trop tard.

Malgré les ruissellements des perles et la gratuité des soutanes.

Malgré les possibilités de patinage sur les taches irisées de gasoil.

Grand mère était ultrapersuasive, avec ses denrées bonnes pour l’éternité. « On a bien fait d’en emporter » me dit Joëlle installée à la table en ciment du terre plein.

Pas besoin du drône à leds pour y voir clair, pas besoin du chèque vacances.

Pas besoin de parler de ma sœur qui est bélier ascendant scorpion.

Joëlle s’en fiche de toutes façons.

On aurait pu partir en montgolfière, mais l’autoroute est plus précise dans les destinations qu’elle propose.

Route officielle.

Pictogrammes lumineux.

Arrêts possibles aux kiosques.

Les marchands qui rôdent avec leurs lucioles ont la voix sèche. Ils émergent de caves creusées tous les huit cent mètres, et se font remplacer dès que leurs piles sont vides.

La société d’autoroutes a planté des ormes. Ça ajoute du sens à ce qu’on donne au péage. Elle a construit un village gaulois, entouré de pancartes explicatives.

Joëlle est ravie et se voit comme autrefois, avec des yeux bleus de santon et des petites mains dans la glaise.

Elle décide de changer de robe pour échapper aux peintres qui se cachent dans les buissons et offrir moins de prise aux paparazzis.

Il y a soudain comme de la tramontane dans ses cheveux, des diadèmes de bijoux dans son sourire. Son gel douche anglais me fait reprendre de l’altitude et ça me remplit de liens hypertextes inconnus…